Le Minotaure, librairie rue des Beaux-Arts à Paris : uniquement à l’énoncé de ce début de phrase j’accédais à une antichambre originale, à défaut de circuler dans un « labyrinthe ». Durant près de quarante ans Roger Cornaille, né à Cambrai, ni de Pasiphaé ni d’un taureau, ouvrit sa librairie, au titre inspiré par une chronique de cinéma publiée par L’Écran français et par la revue Le Minotaure éditée par Skira. On ne compte plus les personnalités ayant fréquenté le lieu, de Henri Jeanson à Lise Deharme, tout comme on ne compte plus les titres de revues périodiques vendues chez lui, de Cobra à Bizarre, des Cahiers du Collège de ‘Pataphysique à Positif, de Midi-Minuit Fantastique à The Village Voice, plusieurs ayant été conçue sur le lieu même. La déclinaison de quelques vocables fut pour beaucoup dans les liaisons covalentes entre les Anciens et les Modernes : Fantastique, Humour, Cinéma, Photographie, Pataphysique, Surréalisme, l’un plus en avant que l’autre suivant les époques. Je suis entré et sorti de la librairie Le Minotaure pendant une quinzaine d’années, toujours en actionnant mon modèle de machine à remonter le temps, au ralenti ou en accéléré, jusqu’à la fermeture en 1987. J’y ai pour ainsi dire vécu comme dans une extension de chez moi, je me sentais chez moi.