Roger Cornaille fut le gérant de la librairie Le Minotaure, lui qui selon J.-C. Averty ne vendait pas les livres mais les disait. Je crois même que l’adaptateur de Ubu roi pour la TV avait emprunté les fleurs animées du dessinateur J.-J. Grandville au gérant de la librairie, vers 1948, époque où les orchidées pour miss Blandish connurent un succès que les mystérieuses recompositions florales ou animales de l’auteur de Un autre monde ne connurent pas. PaulGilson, en poète du subconscient éclairé par lui-même, ne s’y était pas trompé en précisant : « la chauve-souris d’Ader, la demoiselle de Santos Dumont n’ont pas encore volé dans les airs lorsque Grandville expose des dessins qui ressemblent aux photographies prises d’avion ».
Les gravures d’autrefois découpées dans la presse périodique, Roger Cornaille en avait accumulé afin de réaliser des collages à l’exemple de Max Bucaille. J’ai proposé à celui qui avait été le libraire inventif de l’après-guerre de publier un choix de ses collages en souvenir de ces ombres chinoises du Surréalisme d’où j’étais originaire. Ce fut même le début du projet de mon livre consacré à sa librairie peu de temps avant qu’il ne passe lui aussi de l’autre côté des ombres projetées, à côté de lanternes magiques et de praxinoscopes.