un crayon de combat

Arisitide Delannoy (1874 – 1911)

C’est Henry Poulaille qui se souvenait encore vivement de Aristide Delannoy (cf sa préface à la monographie publiée par Le Vent du Ch’min en 1981. Les feuilles illustrées et les ouvrages que le grand écrivain du courant prolétarien avait découvert dans un meuble de son père transformé en bibliothèque aux accès limités l’essentiel de l’iconographie anarchiste. Les caricatures anticolonialistes signées Delannoy étaient incisées avec la même ferveur que la révolte l’était dans l’esprit du jeune Henri Poulaille. Biribi et les bataillons disciplinaires préparaient aux lendemains dés-enchanteurs ou au poteau d’exécution. Delannoy n’a pu devenir artiste-peintre accompli mais a dessiné des classiques de la caricature politique pour la presse satirique ou anarchiste : L’Assiette au beurre, Les Hommes du Jour, Pioupiou de l’Yonne, Temps Nouveaux. Particulièrement surveillé par les services de police, pour ne pas dire par le préfet en personne, même son décès à l’âge de 36 ans des suites de la maladie a fait l’objet d’une notification de l’administration. Clemenceau en tête de mort aux moustaches toujours proéminentes sur un pique, célèbre caricature publiée dans le premier numéro de la revue Les Hommes du Jour, amplifia la colère du futur Tigre de France. La même année de parution, en 1908, la caricature du général d’Amade les bras couverts de sang à l’issue d’une expédition militaire au Maroc entraîne la condamnation du rédacteur Victor Méric et d’Aristide Delannoy à une année d’emprisonnement et à 3000 francs d’amende. La tuberculose emporte le caricaturiste trois ans avant la déclaration de la Guerre mondiale.

Plusieurs dessins de Delannoy ont été reproduits dans Le Crapouillot, en particulier dans le numéro consacrée à la satire politique, daté d’avril 1959.

A relire dès que possible l’essai d’Elisabeth et Michel Dixmier sur L’Assiette au Beurre, jadis publié chez Maspéro en 1974.

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