comic-strips

COMIC-STRIPS

 

 

Comic-strip n’est pas le même vocable que fumetto (en italien), lequel désigne cette parole provisoirement solidifiée qui s’échappe de la bouche des protagonistes. Bande-dessinée, expression française, devenue Neuvième art à la fin des années 60, est une dénomination dénuée d’humour (comic) ou de poésie (fumetto), mais qui a fini par supplanter « les journaux amusants » ou « les illustrés pour la jeunesse » qui contenaient des narrations en successions de cases distinctes et en un découpage spécifique dont le cinéma devait s’inspirer durant la période du muet.

Les histoires burlesques américaines ont hérité des ruptures de mentalités, des bouleversements techniques et des excentricités futuristes. En Europe, les contes drolatiques de Balzac illustrés par Gustave Doré, les caricatures désopilantes de Töpffer et ses personnages Crytogame ou Vieux Bois, les blagues cruelles de Max und Moritz  dessinées par Wilhem Bush, ont servi de point de départ à des cartoonists d’Outre-Atlantique. The Katzenjammer kids, Happy Hooligan, Buster Brown, Mutt and JeffBarney Google, Winnie Winckle, Popeye, Felix the Cat, sont des séries qui ont transporté des millions de lecteurs pendant près d’un quart de siècle des salons de la bourgeoisie aux rings de boxe, des terrains vagues aux champs de courses, d’un bon repas de Noël à la recherche d’une maigre pitance. En vérité la colle des garnements et les pétards à mèche sont d’usage hebdomadaire sous les fesses des parents imprudents, le ballon de base-ball casse à maintes reprises la vitre, la tarte aux pommes encore fumante disparaît du rebord de la fenêtre, les animaux et les protagonistes tombent les uns sur les autres. Une planche magnifique est celle où Pam et Poum (en Italie, Bibo et Bibi) attachent la barbe du Capitaine aux pales du ventilateur fixé au plafond et actionnent le mouvement rotatif. Les « moralités » ou les fessées en public de fin de récit, que ce soit chez Wilhem Busch ou chez Knerr ne sauraient nous détourner de la nature subversive des garnements. Bibi Fricotin, créé par Louis Forton, cousin d’Europe des années 20, partageait la même insolence, le même cynisme et la même jubilation que les autres.

Comic-strips, bandes désopilantes qui s’allongent du début à la fin, longues comme le sourire de ceux et celles qui ont observé la bannière étoilée perdre une à une ses étoiles et se perdre quelques instants sur le sol lunaire à la recherche d’une étoile de Marshall. Innombrables furent les coups de matraque des cops sur les pages imprimées ou sur l’écran, coups de matraque auxquels nous avons tenté d’échapper souvent depuis l’alunissage dérisoire des cosmonautes, sous la bannière floue, un jour de 1969.

 

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