jeunesse de robert crumb

Robert Crumb, né en 1943. L’importante exposition qui lui a été consacrée à Paris en 2012 ne fera pas oublier celui qui provoqua nos fous rires les plus mémorables en parallèle des détournements iconographiques et des textes majijuanesques publiés par la revue Actuel sous l’impulsion décisive de Jean-François Bizot. On retrouve en toute logique Robert Crumb en couverture de cet opus Actuel par Actuel (Dire/Stock 2, 1977), réalisé à partir du courrier des lecteurs, courrier que tout contestataire aux cheveux poivre et sel se doit de relire pour mieux comprendre le temps qui passe et que nous ne rattraperons pas en dépit des machines inspirées par H.G. Wells. Poèmes des amateurs de William Blake, coups de colère contre Giscard l’indécrottable, utopie et fromages de chèvre en Ardèche, départ imminent pour Katmandou, notre programme était bouclé. Une lectrice des « vieux » Actuel nous raconte qu’elle cherche pendant un long moment une pièce de 10 centimes sur le macadam afin de faire l’appoint pour payer son café et conseille aux enfants de bourgeois de laisser tomber si possible une pièce de 10 centimes sur le sol à l’attention des plus démunis. Tout Crumb est concentré dans ce témoignage. Plusieurs couvertures du fameux hebdomadaire pour les flippés ou les enragés furent réalisées à partir des dessins de Crumb : Entretien avec Herbert Marcuse, Tout au bout de la route, C’est quoi la bonne vie ? La première compilation en langue française est parue grâce à Nova-press Actuel en 1971 : Headcomix. En langue québecquoise, on peut relire la désopilante adaptation de Raymond Lavallée publiée en 1974 par Mainmise aux éditions des Egraz, chez les Suisses, avec par exemple cette réplique d’une héroïne nymphomane : « Môdit, j’peux même pu trouver un gars qui peut rester bandé un peu ! »

La première exégète de l’œuvre iconoclaste de Crumb fut Marjorie Alessandrini qui publia une longue et passionnante analyse aux éditions Albin Michel dans une collection bien connue de Yves Frémion et de ses amis proches ou lointains. Ceux et celles qui écoutaient Bob Dylan en tenant un bâton de dynamite dans une main et un livre de Jean-Pol Sartre de l’autre, Nobel ou non, ont rigolé comme des baleines en compagnie de Snoïd, Mr Natural, Angelfood, Fritz the Cat et des sisters à la poitrine terriblement généreuse. Crumb a exploré jusqu’aux limites du grotesque cet « humour du souterrain » (Marjorie Alessandrini), un humour généreux comme les gros seins en liberté et grâce auquel les marginaux et les angoissés ont repoussé les murs de l’Establishment.

A noter que la couverture de l’ouvrage de Marjorie Alessandrini n’est pas signée Crumb mais Solé ! On n’a rien perdu au change !

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