l’aiguille sur le gramophone

1957. Il fallait changer l’aiguille sous le bras du gramophone. Le disque 78 tours appartenait à mon grand-père, un autre à mon oncle et un autre à mon père. Charles Trénet me faisait courir sur les bords de son chapeau en prévision d’un 400 mètres d’ici quelques années. L’aiguille sautait et incisait plus que nécessaire le sillon, ajoutant un formidable crissement aux notes composées pour les refrains faciles à retenir. 1958, au-dessus du gramophone, dans le boomer du poste de radiodiffusion, le général de Gaulle se préparait pour une allocution devant une fanfare militaire, plus petit que le joueur d’hélicon. Ma mère changeait de calibre d’aiguille à tricoter en reprenant un chandail trop petit. De l’autre côté de l’Atlantique, Chet Baker cherchait une aiguille destinée à s’injecter en une intraveineuse sa dose d’héroïne que lui avait vendu un gars qui ne comprenait rien au solfège.

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