On m’a sollicité un jour parmi les historiographes de l’image narrative et des bulles qui enflent ou explosent dans la case dessinée afin d’évoquer quelques unes des librairies qui avaient contribué à nous faire grandir sous l’oriflamme du 9ème art, à nous faire changer les culottes courtes pour le blazer à boutons dorés. C’était mal connaître certains cancres qui associèrent de façon désopilante dans l’après-mai 68 le blazer avec le pantalon à rayures des anciens bagnards, toujours prêt à se faire remarquer au moment où les policiers surgissaient matraque à la main.
En 2005, ce numéro de la revue Art press expliquait à ceux qui ne le savaient pas encore toute la difficulté que les expérimentations narratives pleine de bulles ou vides d’onomatopées connaissent en comparaison avec le cinéma et la littérature. Parallèlement au succès de nombreux festivals, dont le fameux qui se tient à Angoulême chaque année, la bande dessinée est un mode d’expression apprécié chez les futurs professeurs d’université aussi sévères que des directeurs d’agence bancaire.
Mais redécouvrir des albums toilés et jaunis à côté de nouveautés graphiques fut pour moi ce plaisir partagé avec quelques uns et que j’ai commenté en un panorama sur les librairies d’autrefois. Pouvoir lire Persepolis,Tex Willer, Andy Capp, Valentina, dans le plus grand désordre jubilatoire.